Va-t-on vers une nouvelle affaire en Bretagne de prénom refusé par un tribunal ? Un couple de trentenaires du pays de Lorient a été convoqué en justice pour avoir voulu prénommer leur dernière-née Liam, un "prénom usuellement masculin" selon le ministère public.
Le 20 février dernier, les jeunes parents de la petite Liam, se sont vu remettre par un huissier une assignation à comparaître devant le juge aux affaires familiales du tribunal de Lorient.
Dans ce document, consulté par l'AFP, le ministère public estime que le choix du prénom Liam "serait de nature à créer un risque de confusion de genre" et serait "par conséquent contraire à l'intérêt de l'enfant et pourrait lui porter préjudice dans ses relations sociales".
Le parquet demande au juge de prononcer "la suppression de ce prénom sur les registres de l'état civil" et d'attribuer "à l'enfant un autre prénom choisi par les parents et, à défaut, par le juge", selon la même source. A l'appui de son argumentation, le parquet cite notamment le chanteur du groupe anglais Oasis Liam Gallagher ou l'acteur américano-britannique Liam Neeson.
La petite fille, troisième enfant du couple, est née fin novembre à la maternité de l'hôpital du Scorff, à Lorient. Au lendemain de la naissance, l'officier d'état civil avait déjà demandé à la mère de donner "un deuxième prénom, plus féminin" à son bébé. Seule dans sa chambre, elle n'avait pas voulu décider pour deux.
Les parents, qui souhaitent garder l'anonymat, ont requis les services d'un avocat et reporté la date du baptême de leur bébé. La date d'audience du procès n'a pas encore été fixée.
Deux cas relayés ces derniers mois en Bretagne ?
Même si cette affaire est sur un registre de refus différent, elle ne peut que rappeler deux cas récents de refus d'un prénom breton par les services d'état civil d'une mairie.La première concerne le prénom breton Fañch (avec un tilde sur le "n"). Après quatre mois de bataille et de mobilisation d'associations, les parents du petit Fañch, né à Rosporden (Finistère) le 11 mai 2017, se sont vus devoir finalement renoncer au ñ, sur décision du procureur de la République de Quimper. La raison invoquée : une circulaire du 23 juillet 2014 relative à l'Etat civil et publiée au Journal Officiel qui liste en effet les signes diacritiques autorisés par l'administration française et le "ñ", présent dans l'alphabet espagnol, n'y figure pas.
Autre cas, en janvier dernier. Les parents du petit Derc'hen, né en août 2017, expliquent que le prénom de leur fils est refusé par l'état civil de la mairie de Rennes, en application là aussi de la circulaire du 23 juillet 2014. Très rapidement, le parquet de Rennes reviendra sur cette décision "en lien avec la chancellerie".